Sélène, ronde et pleine, brûlante du feu de l’éternel astre du jour resplendit dans toute sa grâce, nimbant la terre d’une aura bleutée, transformant l’eau en acier liquide reflétant comme un miroir le désespoir de nos larmes. Une goutte tombe, léger clapotis comme une note qui résonne, longtemps. Circonvolutions éternelles de l’onde qui disparait et l’étendue redevient calme. Un pied puis le second effleurent le sable encore chaud avant de disparaitre dans la demeure de Poséidon. Le poids des bouteilles t’entraine vers le fond sans que la peur ne serre ton cœur. Les flots paisibles se referment sur toi mais tu continue d’avancer. Confiant en la douce mélodie qui te parvient des profondeurs. Tous les autres bruits sont effacés, tes oreilles sont sourdes à tout autre son que cette litanie entrainante, entêtante. Des poissons commencent à nager autour de toi s’habituant à ta présence, un instinct, plus fort que la vie, leur soufflant que tu n’es pas dangereux, que tu es comme eux. Jaunes, bleus, les couleurs de l’arc en ciel t’entourent et te portent. Puis un reflet. D’abord comme un mirage, une illusion, un rêve. Progressivement plus réel et puissant. Deux doigts palmés frôlent ta combinaison et tout disparait. Tu te retrouve entouré d’une fine brume doré, seule vestige de tes vêtements d’autrefois. Aucune panique juste la délicieuse sensation de flotter et de respirer. Comme si tu réapprenais, comme si c’était la première fois depuis longtemps qu’un souffle d’air pur prenait place dans tes poumons. Un sourire, un regard. Sirène… Fille de l’eau…Sœur des ondoyantes… Mère de toute vie… Amie de tes voyages aquatiques… Un voyage loin au plus profond des secrets maritimes au travers des navires échoués, des trésors oubliés et des cités perdues… Un voyage, l’oubli même de ce que tu es pour devenir simplement une onde parmi les autres. Les doigts se serrent à nouveau sur ton corps, sur ta nuque, cajolent une dernière fois les lignes de ton visage et disparaissent. Tes yeux papillonnent, s’ouvrent et découvre le ciel étoilé au dessus de toi. Referme-les
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