jeudi 8 décembre 2011

Asaën

Ronronnement dans mon dos. Je ne reconnais pas les notes et pourtant il me semble si familier. Je me retourne lentement, le sable crissant sous mes pieds, et découvre un spectacle auquel je ne m'attendais pas. Un magnifique félin opalin est en position d'attaque le haut de son corps touchant presque le sol. Ses griffes sont sorties et je les observe hypnotisée. Aussi noires qu'une nuit sans lune et semblant tranchantes comme des rasoirs. Les muscles qui roulent sous sa peau ne me détrompe pas. C'est un tueur. Sa mâchoire s'ouvre pour un grondement qui devrait me faire trembler et pourtant je ne retiens que l'éclat calme dans ses yeux. Je glisse doucement dans sa direction de façon à le détailler un peu plus et je comprends cette sensation familière qui me fait sourire et m'empêche d'avoir peur. Je reconnaîtrais entre milles ces serpents d'encre qui parcourent son pelage et ces yeux d'ambre chaude. Rien qui ne soit pas sorti de mon imagination. Asaën. Magnifique prédateur protecteur des siens. Je comprends sa position lorsqu'il passe à l action. Son bondissement est presque flou et je n'ai que le temps de m'esquiver pour le laisser retomber sur ses pattes à mes cotés avec une légèreté qui me désespère. Je suis dix fois plus petite et moins lourde que lui mais tellement plus bruyante dans mes déplacements là où il  est aérien. Nouveau bondissement et cette fois je ne suis pas prête. Mon souffle se coupe dans l'attente du choc mais il m'a simplement attrapé dans son étreinte avant de rouler sur lui même. Sa langue râpeuse trace un sillon sur mon visage et je ne peux éviter la grimace qui tord mon visage. On dirait presque que je l'ai vexé à voir sa tête. Son museau renfrogné et ses petits yeux tristes me font rire sur un prédateur de sa trempe. Une envie joueuse alors qu'il se cale sur ses flancs me gardant contre sa chaleur. Je me retourne et lèche sa truffe. Il gronde et montre les crocs. 
- tu vois que ça n'est pas agréable gros Nounours
Je crois que le surnom le vexe encore une fois mais le sourire prends le dessus et son rire ressemble à un tremblement de terre qui fait vibrer tout son être. Cette sensation couplée à son ronronnement futur me berce et je m'endors dans sa fourrure brulante et douce. 

vendredi 2 décembre 2011

Reforgees

Caresse glaciale du vent sur mon corps meurtri. Des heures qu'il crie sa souffrance et sa douleur en même temps que sa joie de bouger enfin pour repousser ses propres limites. Nouvelles griffures qui s'ouvrent dans mon cou. 
" L'inattention est toujours fatale petite lune"
Plus que l'inattention c'est sa voix qui me transporte ailleurs. Dans des souvenirs trop loin pour que je puisse les apprécier pleinement. 
" reviens petite lune et commence à danser ou je vais croire que tes griffes ne sont la que pour que tu les admires". 
Je détaille quelques secondes les joyaux qui ont remplacés mes doigts. Des pattes presque féline vestige d' un passé aujourd hui brisé. La lune fait briller son éclat et c'est la seule lumière qu'elles n'absorbent pas.  Je ferme les yeux pour laisser s'échapper un diamant solitaire mais il ne m'en laisse pas le temps. Nouvelle attaque. Cette fois je suis prête. Mon corps ne prendra plus de cicatrices. Je me glisse le long de son bras le rendant inoffensif. Ses griffes passent à quelques millimètres de ma peau mais pourrait tout aussi bien être à des kilomètres. Léger baiser dans son cou à l'odeur épicée. Je m'en rappelle comme si c était hier. Chaud comme un soleil d' été avec une odeur musquée qui apaisait mon esprit.  A présent dans son dos je le force a danser sur mon propre rythme. Il m'a apprit tout ce que je sais du déplacement en légèreté et de la défense. Aujourd hui il apprend l attaque et ça me convient. De plus en plus son corps s'essouffle et perd de sa substance. Il est le plus dangereux des adversaires taillés dans la vitesse et la grâce autant que dans la force. "C'est une chose d' avoir des griffes s'en est une autre de savoir s'en servir" 
Impression profonde que la substance qu il perd est absorbée par mes armes a chaque fois que des griffures s'ouvrent sur son corps. Je ralentis la mesure me forçant à ne plus l'effleurer mais il redouble de vitesse et de rage dans ses gestes. Il pousse l'instinct a se libérer. Plus seulement l'instinct de survie mais aussi celui de vie. A son détriment? Pourquoi...
Il ne me laisse aucun choix. Impression que c'était ma danse mais c'était la sienne depuis le début. Je devrais haïr cette sensation d' être manipulée mais je ne peux que sourire. Dernière attaque qui aurait du lui griffer le cou et qu il évite avec la facilité de ceux qui l ont dans le sang. Dernier geste. Ses lèvres se posent sur les miennes comme lorsque l'on était enfants. 
" Tu auras toujours une partie de moi dans ton cœur et ton âme..."
Réveil en pleurs de le perdre encore une fois mais sourire en sentant la douce chaleur de son souvenir envahir mon cœur. Je me rendors serrant contre moi le dernier vestige que j ai gardé de lui.

jeudi 1 décembre 2011

Aqualine...

L'eau glisse sur mon corps écailleux comme une onde fraiche et calme ralentissant  les battements frénétiques de mon cœur. Mes yeux se ferment pour apprécier la douce caresse apaisante et indolente. Je pourrais passer des heures à me laisser bercer par les courants et les mélodies marines. Impression profonde que rien ne vaut ce silence qui prend l âme et renforce l impression d'être en vie. 
Palpitations. Sourde résonance. 
Mon cœur souffle sa joie dans mes oreilles et la symphonie se mêle aux bulles qui s'échappent de ma bouche éclatant en tintement léger contre le sable blanc du fond. Ondulation de mon corps et je recommence à plonger. Le soleil s'éloigne et ses rayons n'illuminent plus les profondeurs. Noirceur qui m'environne avant une nouvelle adaptation.  
Rayonnement argent sur ma droite. Comme un éclair de chaleur  un soir d été. 
Petit poisson de lune. 
Mes doigts se tendent. L'effleurent. Et brillent a leur tour. 
Fille de la lune et des profondeurs marines. 
Nouveau mouvement presque lent et pourtant la vitesse crée des bulles contre ma peau. Mèche blanche qui s'échappe de ma tresse et me barre la vue quelques secondes. Suffisantes pour me retrouver assez près d' un aileron rocheux qui éraflent mes flancs après une vrille. Rien d'important. Juste une marque d' inattention comme beaucoup d' autres sur mon corps...
A nouveau le petit poisson s'approche et cette fois pour me ramener à la lumière. A la sortie de l'eau je savoure la chaleur des rayons et dépose un léger baiser sur le front écailleux de mon ami. 
"A bientôt peut être et merci..."