Je ne sais pas où je suis et pourtant l’environnement me semble familier. Aucune peur ne m’étreint le cœur. Ascension qui me fait du bien. Longtemps que je n’avais pas joué avec les nuages. Une forme emplit de puissance me dépasse. Un bond à cette hauteur est un concentré de force pure mais il rate le plus important. L’escalade. Sifflement moqueur alors qu’il passe à mes côtés. Peu importe ce qu’il croit ma propre puissance me suffit, synonyme de liberté sans limite. Mon corps se plie et passe par une petite fenêtre aux carreaux brisés. Nouvelle cour de jeux. Nouvelles limites imposées par ce qui m’entoure. Des poutres en bois assez larges pour supporter mon poids, un parquet au sol où un long dragon sombre évolue. Envie de marcher lentement pour profiter des circonvolutions, pour se noyer dans cette mer d’encre que représentent ses yeux le tout sans aucun bruit pour briser le silence apaisant. Allongée sur le sol en bois chaud je laisse les courants d’air m’effleurer et me caresser en me murmurant un mot. Un seul qui me fait trembler et illumine la voie que je me suis tracée.
A nouveau sur mes pieds mon regard est maintenant sur les poutres. Bondissement à la limite du réel mais un mot peut tout changer. Rebond sur un mur et mes doigts crochètent l’arrête coupante de la poutre sombre. Enfin vient l’exercice que je préfère. Le funambulisme. Une danse avec le vent et l’ombre. Nouveau pied posé sur une des pierres noires extérieures. La chaleur qui s’en dégage parcoure mon corps comme une onde de bienfaisance. En vie. Voilà la sensation que ce frisson me donne. La chaleur continue de se répandre en moi alors que mon ascension se fait plus rude. La douleur qui tétaniserait presque mes muscles devient une amie au fur et à mesure que je l’accepte. Ce n’est pas parce que mes muscles sont entravés que je ne suis pas libre. Je le suis trop profondément pour qu’elle s’arrête à une simple condition physique. Sourire. Pour la première fois depuis longtemps. Peu importe le temps que je passe sur cette paroi c’est simplement une voie de plus. Je me plais à penser que l’important ce n’est pas le but final mais le chemin que l’on parcourt pour l’atteindre et lui seul importe. Mon cœur s’accorde au murmure de la nuit, au chant des étoiles, au sourire de la lune. Une parmi des milliers. Un cœur de plus qui bat. Dernier mètre. Inspiration plus profonde que les autres. Demi -tour et appuis sur le rebord d’une fenêtre. Assise les pieds dans le vide je regarde le monde qui s’étend sous moi. Pas de nuages aujourd’hui pour brouiller ma vue. Une simple étendue limpide. Une prairie immense qui semble faite de milliers de reflets, un long fleuve qui serpente comme une larme d’argent roulant sur la joue du monde. Jumelle de celle qui glisse lentement sur ma peau. Joie. Bonheur. Vie. Et puis un mot. Un seul qui résonne encore et toujours. Croire. Premier pas. En quelque chose qui n’existe pas. Je ne pense pas en être capable mais je veux croire en une chose. Celle qui vit en nous et nous rend capable de beaucoup de merveilles. Impression que notre esprit est beaucoup plus qu’un simple muscle s’il est guidé. Enfin je me relève et termine cette montée en quelques secondes pour finalement atterrir à côté d’un être que je connais parfaitement pour l’avoir créé. Kina aux yeux sombres comme une nuit sans lune et à la peau de bronze sous la Dame. Une vue de mon esprit. La forme que j’ai vu passer tout à l’heure. Peu importe depuis combien de temps il est là à attendre je sais ce qu’il veut.
Ses griffes effleurent le vide alors que je suis perchée sur le parapet regardant le vide. Je le dévisage quelques secondes avant de lui souffler ce mot que l’on m’a offert. Saut dans le vide alors que mon corps se couvre d’écailles et que des ailes membraneuses s’ouvrent en claquant au vent.
Mot qui résonne longtemps dans la nuit comme une promesse. Une voie à suivre.
Espoir.
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