vendredi 14 octobre 2011

Découverte...

Je ne sais pas si mes yeux sont ouverts ou fermés, je ne perçois  rien de ce qui m’entoure. Peur de l’inconnu. Sensation d’angoisse qui étreint mon cœur jusqu’à l’étouffement.
 Un souffle d’air brûlant agite mes cheveux. Odeur de souffre. Particules cendrées qui noircissent mon visage. Impression que ma peau s’est transformée. Parfaitement lisse et pourtant parcouru de dessins que je ne comprends pas sans les voir. Je suis froide, presque gelée, alors inconsciemment je cherche la source de chaleur que j’ai cru percevoir. Mes mains râpent sur les murs dans un bruit métallique qui me fait grincer des dents. Silence assourdissant. A nouveau un son, mais  cette fois plus chantant comme un écho au mien, un chemin à suivre. Souffle brûlant. Encore. Mélodie guerrière de l’acier qui chante. Voie.
Respiration plus puissante que les autres.
Flammèche bleutée qui nait.

Mes yeux s’habituent à la douce lumière et je me rends compte qu’avec un pas de plus je plongeais dans l’eau translucide d’un lac immense. Aucune autre rive en vue, juste de l’eau à perte de vue. Mon cœur se soulève face au spectacle. Je fais le tour d’un seul regard et découvre le chatoiement bleuté d’une colonne de pierre en plein centre du lac. Eclairée par la flammèche elle disperse la lumière et fait briller l’endroit de vagues céruléennes. Comme un ciel qui ondulerait sous la chaleur. Une caverne  faite avec ce qui ressemble à du quartz bleu mais beaucoup plus profond. Aucune autre couleur que ce dégradé passant du cobalt au saphir dans un mouvement serpentin qui entraine l’âme. Une grotte, voilà où je suis, mais je ne perçois ni entrée ni sortie. Comment je suis arrivée ici alors ? Aucun souvenir…
 Pas le temps de détailler plus.
Nouvelle respiration.
 Souffle.
Chaleur.
Mon corps se tend et je me retourne lentement pour ne pas brusquer ce qui se trouve derrière moi. Nez à nez avec moi se dévoile  un museau recouvert d’écaille. Je le contourne avec douceur pour prendre la mesure de l’animal à qui il appartient. Il ne bouge pas, continuant simplement de respirer. Alors après quelques mètres je suis face à une montagne écailleuse qui ondule sous sa propre vie.
Un œil s’ouvre.
Immense.
Entièrement doré. 
Bienveillant.
Mue par un instinct que je ne comprends pas j’approche la main et caresse la carapace azuréenne. Une légère coupure s’ouvre sur ma paume. Les écailles sont aussi tranchantes que le fil d’une épée. Le sang coule mais je n’y fais pas attention préférant continuer d’observer l’animal sur lequel j’ai mis un nom maintenant.
Dragon.
Un bruit assourdissant résonne sous les hautes voûtes et me fait lever les yeux. Le plafond sculpté que je découvre me fait réviser mon jugement. On est dans un endroit que quelqu’un a construit. Mais construit trop petit pour un être si grand. Je me tourne à nouveau vers l’être légendaire et dans son œil triste levé vers le ciel je comprends.
On est dans une prison. Magnifique, certes, mais une prison quand même. Nouveau grondement de tonnerre. Nouvelle compréhension. Il bouge. Basculé sur le côté son corps repose maintenant sur une aile translucide et semblant douce. Ses grands yeux me dévisagent dans une invitation muette et mon corps répond à sa supplique. Doucement je m’approche, évitant le cuir de ses ailes et me blottis contre la douce chaleur. Sa queue immense s’enroule contre moi et sa deuxième aile vient me couvrir. Qu’un être aussi sauvage me laisse approcher me parait tellement improbable mais la solitude est une torture parfois plus dure que n’importe quelle douleur.
Avant que la lumière ne s’éteigne je jette un dernier coup d’œil à mon corps.
Couvert d’écailles noires.
La couleur de mes yeux je la devine dans le reflet de ceux de mon compagnon.
Argent.
Nous sommes opposés.
Jour et nuit. Enfermés dans la même prison.
La façon dont nous en sortirons ?
Je ne le sais pas encore mais ça sera pour bientôt…

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