mardi 11 octobre 2011

Mon nom est...

Aucun soleil. Aucune Lune. Juste la noirceur auréolée de carmin d'un monde sanglant. Louve aux griffes d'acier s'enfonçant dans la terre nourrit du sang de ses ennemis. Yeux d'un blanc nacré se posant sur un monde dévasté. Cruel carnage de corps déchiquetés dans une violence inouïe. Elle est là. Je suis là, au centre, semblant ne pas faire partie de ce monde et pourtant notre pelage opalin est souillé par le sang. Pas le mien, non, trop cuirassé pour couler. Trop précieux. 
Le sang de nos ennemis. Le sang qui se vide de ces corps décharnés, agonisant encore,  parfois dans un râle plus proche du gargouillis étouffé par le liquide vital qui s'échappe. 
Mon corps. Je le détaille une nouvelle fois tournant la tête vers mon flanc droit. Le contour est flou, semblant ondoyer comme un rêve de fumée. Ma Carapace disparaît, redevient invisible. Personnelle.
Un bruit et je me tends. Prête à bondir une nouvelle fois à la gorge de ceux qui le détienne. Mais détienne qui? Détienne quoi? 
Hurlement de douleur profonde au ciel qui ne donne aucune réponse, à la terre qui n'apporte que le malheur sur ses sentiers battus, à la pluie qui commence à tomber effaçant la moindre trace. 
Les muscles se tendent sous ma chair, devenant si dur que je ne pensais pas cela possible et lorsqu'un éclair zèbre le ciel, comme un signal je relâche la tension. Détente formidable d'un corps qui bondit. Impression de voler au dessus du sol. Que mes pattes ne touchent plus la boue. Un deuxième éclair est né et cette fois il traverse la Terre à sa recherche. Course puissante. Rapide. Tâches colorées devenant de plus en plus sombres qui défilent sur les côtés mais je ne vois que le chemin devant moi, je ne sens que mon corps qui remonte le torrent d'argile qu'est devenue la terre autrefois si abrupte sous ma course. 
Cliquetis du métal contre ma Carapace. Encore une fois elle me sauve la vie... Encore une fois elle est là. Plus le temps de réfléchir. Grondement sourd qui résonne dans mon corps. Nouvelle bataille...
Contre soi-même pour tenir encore et encore... 
Contre les autres à coup de griffes et de crocs déchirant les chairs molles, lacérant les visages, tailladant les armures, brisant les os comme des brindilles sèches.
Pulsion destructrice teintée de désespoir. Odeur métallique du sang  qui sature l'air me donnant simplement l'envie de vomir devant ma propre oeuvre de mort.
Continuer. Sans relâche. Pour la vie. Pour Sa vie. 
Mais qui est-il celui que tu cherches?
Où est-il?
Existe-t-il encore en ce monde ou te bats-tu pour le retrouver ailleurs?
Ne te débats plus fille de Lune, ta carapace te protèges, il te protégera des autres, de lui-même mais surtout de toi. 
Continue de détruire ces démons qui te tourmente mais ne cours plus après lui jamais tu ne le rattraperas...
Jeune louve allongée dans une mare de sang hurle à la lune son nom... 
Mon nom est Douleur...

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