dimanche 16 octobre 2011

Espoir...

Souffle chaud qui balaye ma nuque. Ronronnement félin qui résonne sous les voûtes. Je suis revenue dans la grotte. Toujours ces mêmes piliers bleus qui scintillent sous la lumière d’une nouvelle flamme bleutée. Le corps contre lequel je suis appuyé gronde et me fait trembler. Pas de peur non, je pense qu’il essaye de me protéger. Mais de qui ? De quoi ? Quelqu’un d’autre aurait pu arriver jusqu’ici ?
Son aile se replie et je retrouve une mobilité légèrement engourdie. Pas le temps de finir de me rétablir que déjà je suis à terre. Immobilisé par un félin plus grand que moi au pelage noir parsemés de reflets aux couleurs fauves et ciel. Il aurait pu être magnifique si sa gueule n’était pas déformée par la colère. Ses griffes raclent sur mes écailles dans un crissement qui vrille mes tympans. Je ne comprends pas pourquoi il est là, essayant de déchirer ma chair de ses crocs. Et puis je croise ses yeux. Deux billes d’acier sombre éclairées par la peur. Il ne sait pas qui je suis ne me connait pas et pourtant je suis là, sur son terrain de jeux, de chasse. Sur son terrain de rêve. Je tente de me détendre sous son poids et penche ma tête en arrière lui offrant ma gorge en signe de soumission. Je ne sais pas ce qui le décide, le grondement de tonnerre de mon ami qui fait vibrer le sol ou mon action mais il me rend ma liberté. Assise je le regarde tourner en rond attendant qu’il se décide. Son corps est taillé pour la souplesse et la rapidité mais semble avoir la solidité d’un roc. Un prédateur parfait. La mort incarnée.
Son regard de lune se plonge à nouveau dans le mien. Son reflet. Filles de lune. Mon corps est maintenant couvert de poils, une version miniature du félin qui se dresse face à moi. Je ne comprends pas comment je peux prendre des formes différentes mais pour le moment je m’en moque. Un éclair traverse mon esprit. Si elle est arrivée ici, parce que j’ai l’impression de me retrouver devant une femelle, c’est qu’elle est venue de quelque part et donc qu’elle connait la sortie.
Nouvelle approche. Méfiante. Ronronnement sourd. Une patte écailleuse semble vouloir me retenir mais je la repousse. Elle ne me fera rien.
Mouvement d’une patte aux griffes tranchantes qui rase mes flancs. Avertissement. Ignoré. Elle semble comprendre la demande dans le ronronnement qui passe mes lèvres. Sa tête se penche sur un côté et son regard devient défi.
« Tu as ma forme mais suis moi si tu peux… »

Elle bondit, plus rapide qu’un clignement d’œil. Elle a disparu. Plus qu’à suivre le ronronnement que je perçois. D’où vient-il ?
Il résonne partout autour de moi. Rugissement de ma part. Abandon face à sa force. Elle daigne alors se montrer. Un air  amusé au fond de ses prunelles. Grognement. Je n’aime pas perdre !
Je la suis, grimpant sur les roches, bondissant parfois à l’extrême limite de mes capacités quand elle semble voler. Un sourire fend mon propre visage.
Voler.
Ecailles sur ma peau. Fines membranes. Je vole et la suit sans difficulté. A elle de gronder. Le chemin ne sera jamais assez large pour mon ami. Je refuse de l’abandonner mais on ne réduit pas la taille d’un dragon. Ma guide revient vers moi. Son odeur est un mélange comme si elle connaissait un autre. Sauvage et pourtant… Pas le temps de m’appesantir sur la question. Je me pose à ses côtés. Pose ma main sur sa douce fourrure cachant un corps musculeux et ma voix n’est que murmure.
« Va. Ta place n’est pas ici. Il ne passera pas et je ne l’abandonne pas. »
Ronronnement. Séparation des chemins. Mon corps retourne se blottir contre les écailles de mon ami. Une larme coule sur ma joue et roule jusqu’au lac.
Compréhension.
Etendue pure de la tristesse d’un être légendaire.
Mes yeux se referment. Le prochain réveil sera peut être une solution.

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