jeudi 8 décembre 2011

Asaën

Ronronnement dans mon dos. Je ne reconnais pas les notes et pourtant il me semble si familier. Je me retourne lentement, le sable crissant sous mes pieds, et découvre un spectacle auquel je ne m'attendais pas. Un magnifique félin opalin est en position d'attaque le haut de son corps touchant presque le sol. Ses griffes sont sorties et je les observe hypnotisée. Aussi noires qu'une nuit sans lune et semblant tranchantes comme des rasoirs. Les muscles qui roulent sous sa peau ne me détrompe pas. C'est un tueur. Sa mâchoire s'ouvre pour un grondement qui devrait me faire trembler et pourtant je ne retiens que l'éclat calme dans ses yeux. Je glisse doucement dans sa direction de façon à le détailler un peu plus et je comprends cette sensation familière qui me fait sourire et m'empêche d'avoir peur. Je reconnaîtrais entre milles ces serpents d'encre qui parcourent son pelage et ces yeux d'ambre chaude. Rien qui ne soit pas sorti de mon imagination. Asaën. Magnifique prédateur protecteur des siens. Je comprends sa position lorsqu'il passe à l action. Son bondissement est presque flou et je n'ai que le temps de m'esquiver pour le laisser retomber sur ses pattes à mes cotés avec une légèreté qui me désespère. Je suis dix fois plus petite et moins lourde que lui mais tellement plus bruyante dans mes déplacements là où il  est aérien. Nouveau bondissement et cette fois je ne suis pas prête. Mon souffle se coupe dans l'attente du choc mais il m'a simplement attrapé dans son étreinte avant de rouler sur lui même. Sa langue râpeuse trace un sillon sur mon visage et je ne peux éviter la grimace qui tord mon visage. On dirait presque que je l'ai vexé à voir sa tête. Son museau renfrogné et ses petits yeux tristes me font rire sur un prédateur de sa trempe. Une envie joueuse alors qu'il se cale sur ses flancs me gardant contre sa chaleur. Je me retourne et lèche sa truffe. Il gronde et montre les crocs. 
- tu vois que ça n'est pas agréable gros Nounours
Je crois que le surnom le vexe encore une fois mais le sourire prends le dessus et son rire ressemble à un tremblement de terre qui fait vibrer tout son être. Cette sensation couplée à son ronronnement futur me berce et je m'endors dans sa fourrure brulante et douce. 

vendredi 2 décembre 2011

Reforgees

Caresse glaciale du vent sur mon corps meurtri. Des heures qu'il crie sa souffrance et sa douleur en même temps que sa joie de bouger enfin pour repousser ses propres limites. Nouvelles griffures qui s'ouvrent dans mon cou. 
" L'inattention est toujours fatale petite lune"
Plus que l'inattention c'est sa voix qui me transporte ailleurs. Dans des souvenirs trop loin pour que je puisse les apprécier pleinement. 
" reviens petite lune et commence à danser ou je vais croire que tes griffes ne sont la que pour que tu les admires". 
Je détaille quelques secondes les joyaux qui ont remplacés mes doigts. Des pattes presque féline vestige d' un passé aujourd hui brisé. La lune fait briller son éclat et c'est la seule lumière qu'elles n'absorbent pas.  Je ferme les yeux pour laisser s'échapper un diamant solitaire mais il ne m'en laisse pas le temps. Nouvelle attaque. Cette fois je suis prête. Mon corps ne prendra plus de cicatrices. Je me glisse le long de son bras le rendant inoffensif. Ses griffes passent à quelques millimètres de ma peau mais pourrait tout aussi bien être à des kilomètres. Léger baiser dans son cou à l'odeur épicée. Je m'en rappelle comme si c était hier. Chaud comme un soleil d' été avec une odeur musquée qui apaisait mon esprit.  A présent dans son dos je le force a danser sur mon propre rythme. Il m'a apprit tout ce que je sais du déplacement en légèreté et de la défense. Aujourd hui il apprend l attaque et ça me convient. De plus en plus son corps s'essouffle et perd de sa substance. Il est le plus dangereux des adversaires taillés dans la vitesse et la grâce autant que dans la force. "C'est une chose d' avoir des griffes s'en est une autre de savoir s'en servir" 
Impression profonde que la substance qu il perd est absorbée par mes armes a chaque fois que des griffures s'ouvrent sur son corps. Je ralentis la mesure me forçant à ne plus l'effleurer mais il redouble de vitesse et de rage dans ses gestes. Il pousse l'instinct a se libérer. Plus seulement l'instinct de survie mais aussi celui de vie. A son détriment? Pourquoi...
Il ne me laisse aucun choix. Impression que c'était ma danse mais c'était la sienne depuis le début. Je devrais haïr cette sensation d' être manipulée mais je ne peux que sourire. Dernière attaque qui aurait du lui griffer le cou et qu il évite avec la facilité de ceux qui l ont dans le sang. Dernier geste. Ses lèvres se posent sur les miennes comme lorsque l'on était enfants. 
" Tu auras toujours une partie de moi dans ton cœur et ton âme..."
Réveil en pleurs de le perdre encore une fois mais sourire en sentant la douce chaleur de son souvenir envahir mon cœur. Je me rendors serrant contre moi le dernier vestige que j ai gardé de lui.

jeudi 1 décembre 2011

Aqualine...

L'eau glisse sur mon corps écailleux comme une onde fraiche et calme ralentissant  les battements frénétiques de mon cœur. Mes yeux se ferment pour apprécier la douce caresse apaisante et indolente. Je pourrais passer des heures à me laisser bercer par les courants et les mélodies marines. Impression profonde que rien ne vaut ce silence qui prend l âme et renforce l impression d'être en vie. 
Palpitations. Sourde résonance. 
Mon cœur souffle sa joie dans mes oreilles et la symphonie se mêle aux bulles qui s'échappent de ma bouche éclatant en tintement léger contre le sable blanc du fond. Ondulation de mon corps et je recommence à plonger. Le soleil s'éloigne et ses rayons n'illuminent plus les profondeurs. Noirceur qui m'environne avant une nouvelle adaptation.  
Rayonnement argent sur ma droite. Comme un éclair de chaleur  un soir d été. 
Petit poisson de lune. 
Mes doigts se tendent. L'effleurent. Et brillent a leur tour. 
Fille de la lune et des profondeurs marines. 
Nouveau mouvement presque lent et pourtant la vitesse crée des bulles contre ma peau. Mèche blanche qui s'échappe de ma tresse et me barre la vue quelques secondes. Suffisantes pour me retrouver assez près d' un aileron rocheux qui éraflent mes flancs après une vrille. Rien d'important. Juste une marque d' inattention comme beaucoup d' autres sur mon corps...
A nouveau le petit poisson s'approche et cette fois pour me ramener à la lumière. A la sortie de l'eau je savoure la chaleur des rayons et dépose un léger baiser sur le front écailleux de mon ami. 
"A bientôt peut être et merci..."

lundi 28 novembre 2011

Flammèches ignées...

Claquement de doigt. Son brisant le silence nocturne. Rire qui explose sous la voute étoilée en milliard de gouttelettes argent. Les étoiles naissent enfin. Soupir de soulagement. Assise en tailleur sur un promontoire rocheux je regarde le voile sombre s étendre et étreindre la terre dans son enveloppe somnifère. L ombre évite l ombre et mes yeux sont encore bien brillant lorsque je décide de jouer avec Nocturne. 
Claquement de doigts. Bruit aussi rapide que le sifflement d' un fouet rencontrant les souffles d'Eole. Mais cette fois il y a quelque chose d' autre dans l air. Odeur du soufre qui emplit mes poumons. 
Alors c est ce qu il se passe lorsque que l on est en contact avec la blessure létale d' un dragon?
Nouvel essai et cette fois une petit flamme nait.  Oscillations sinueuse entre le rouge et le vert en passant par le bleu de la nuit. L' ombre ne l étouffe pas car elle existe grâce à cette petite danseuse entre mes griffes. 
Chaleur doucereuse et plaisir de la sensation du froid qui recule comme heurté a une barrière trop puissante pour lui. Et ce n est qu une flammèche...
Envie de savoir ce qu une flamme pourrait faire. Inspiration profonde. La nuit entre et rejoins l ombre déjà présente se réchauffant a son contact avant d' être expulsée violemment. La petite flammèche vacille pour un temps avant que l air chaud ne la frappe. Jaillissement soudain d une envolée lumineuse. Une trainée de lumière chaleureuse qui illumine la nuit le temps éphémère d' un clignement de paupière. D' un claquement de doigts. La nuit reprend ses droits. Seules deux flammèches restent. Brillantes et vivantes. Dans un regard luisant de joie. 

samedi 26 novembre 2011

Brume...

Nuit sombre, éclairée par la simple lueur des yeux de mon adversaire. Flamme verte teinté de haine et d'amour. Mélange assez étrange.  Une Arène voilà où je suis et le combat qui va suivre ne sera surement pas un entrainement. Je constate avec bonheur qu’il me reste mes armes les plus précieuses même si mes sabres m’ont été enlevés. Première attaque et première déchirure sur mon corps. Impossible de réagir. Vitesse trop importante pour que je prenne l’information à temps. Aucune goutte de sang ne frappe le sol. Juste des plaies qui se referment encore et encore et ma peau qui s’imprègne de ces marques de sang et de feu. Je ne peux que baisser la tête, seule partie de moi qui répond encore à une de mes sollicitations. Les marques ne sont pas faites au hasard, dessin précis  presque chirurgical. Enfin il s’arrête.
Lui.
Le premier à m’avoir parlé de griffes. De leur beauté froide, captant toute les lumières alentours se nourrissant des ombres pour apparaître et disparaître sur une simple pensée.
Léo.
Son corps se tend vers le mien et m’enveloppe dans la douceur de ses bras. Impression de sentir son odeur encore et encore. La laisser m’imprégner tout en libérant les diamants qui brûlent mes yeux de leur froide douleur. Un murmure dans la nuit.
« Désolé petite lune, ma force sera toujours la tienne… »
Douleur profonde.
Suffocante.
 Six lames qui s’enfoncent directement dans mon cœur. Brûlantes. Détruisant tout sur leur passage. Faisant bouillonner mon sang de souffrance et de haine. L’acier fond et se mêle à mon sang. Ses lames noires ne sont plus lorsqu’il relâche son étreinte.
Murmure douloureux.
« Pourquoi tu te détruis… »
Souffle du vent comme seule réponse et une perle unique qui roule sur sa joue. Tristesse qui enserre la gorge. Sa main se tend vers la mienne dans un dernier don.
« L’ombre n’est pas un manteau pour la lune, mais la brume te cacheras et t’envelopperas aussi tendrement que mes bras auraient pu le faire… »
Pas le temps pour une réponse il est déjà parti. Encore. Réponse qui s’envole dans un volute de vapeur.
«  Je ne veux pas d’un autre manteau que celui de tes bras… »
« Impossible… » me souffle Éole
Mon regard se perd dans les souffles douloureux qu’expire mon corps. Mes mains se lèvent instinctivement comme pour me montrer le changement. Dix griffes argent parcourues de reflets d’ombre qui évoluent comme des panaches de fumée les faisant disparaître par intermittence. Geste rageur qui découpe la nuit en incisions nettes. La brume s’enroule autour de mon corps comme un cocon d’argent. Les nuits seront longues…

vendredi 18 novembre 2011

Couleurs...

Brouillard si dense que l’air devient eau. Impression de me noyer dans ces arabesques qui font chavirer mon corps. Plus de respiration pour moi, l’eau me maintient en vie comme elle le ferait avec ses protégés aquatiques.
La brume s’écrase contre cette carapace marine en volutes lents. En vagues de fumée. Des formes s’impriment sur cette armure  comme si une goutte d’encre avait été perdue dans ces milliards de perles brillantes. Dessin de vie. D’envie. Elle semble les laisser passer, comme contrainte. Comme si le contact la brulait et au final c’est sur ma peau que l’encre vient faire lécher ses flammes.
Une goutte sur mon pied qui se répand comme un serpent. Ondulant sur ma chair, sinuant sur cette enveloppe charnelle qui se modifie, refroidissant au fur et à mesure de sa noire avancée. Mes yeux se ferment. Chaleur insupportable qui m’envahit et pourtant j’aimerais qu’elle ne s’arrête jamais. Pour rien au monde.
 L’encre a entièrement noirci mon corps lorsque je rouvre les yeux. Un sourire en pensant que me fondre dans les ombres sera plus facile maintenant. Diamants qui s’échappent de mon regard et glissent le long de mon corps comme si mon âme s’échappait pour mettre sa touche personnelle à une apparence trop sombre. Lianes d’argent qui s’enroulent et posent la seule touche de lumière.
Les yeux sont la fenêtre de l’âme me souffle l’onde marine avant de me relâcher.
Chute lente puis de plus en plus rapide jusqu’à m’en couper la respiration. Mes muscles se tendent inconsciemment dans l’attente de l’impact qui ne vient pas. C’est un nuage d’orage qui me réceptionne dans son étreinte moelleuse. Je me penche pour regarder sous lui  essayant d’oublier le bruit assourdissant. La pluie n’est composée que de particules de couleurs vives et violentes.  Une envie profonde de participer à cette joie. Course légère et saut. Vrille pour se retrouver exposée aux larmes chamarrées. Elles s’écrasent sur ma peau avec violence. Explosant à mon contact en impacts durs. Je me rattrape au dernier instant à un rebord rocheux alors que le sol se rapprochait dangereusement. Mes bras me hissent au sommet et je reconnais le lieu.
Le haut de la tour.
 Le sol est jonché de marques de griffes plus ou moins profondes. Grondement sourd et profond qui me fait vibrer. Son que je n’ai pas entendu depuis longtemps.
Un ami aux écailles de nuit. Je souris en voyant mon reflet dans ses yeux. Des fleurs enluminées s’épanouissent sur mon corps, le long de cette liane d’argent. Un pas en avant vers cet ami qui m’a manqué. Murmures d’un clapotis. Mes pieds sont maculés de son liquide vital. Son sang qui s’écoule de ses ailes déchiquetées et de son corps lacéré. Je ne connais personne capable de faire ça à un dragon. Impuissance alors qu’il se vide de ce liquide si précieux. Sa présence n’était peut-être plus en ce monde mais qui en décide…
Je m’adosse une dernière fois contre lui, profitant de sa chaleur encore présente alors que sa vie s’échappe. Son aile morcelée se referme sur moi dans une sombre étreinte me soustrayant au regard laiteux de la Dame. La nuit sera douce… Autant que possible…

mercredi 16 novembre 2011

Diamants...

Nouvelle nuit où lorsque j'ouvre les yeux seul le noir m'accompagne. Petit a petit mes yeux s'habituent et je reconnais l environnement. 
Frisson d'horreur. 
Tremblements incontrôlés 
Je ne suis plus rien d' autre a cet instant qu'une silhouette tremblante et vacillante.
Éclair de lucidité mon regard cherche un endroit pour me mettre a l'abri. Aucun et je le sais. Je le sais pour l'avoir déjà cherché. Je ferme les yeux pour ne pas voir ce qu'il va se passer. Il apparaît. Humain. Et c'est ce qui me fait trembler encore plus. Ils ne ressemblent jamais a des monstres...
Mon regard change lorsque je me rend compte que ce n est pas a moi qu il va s en prendre.  Pas a ce moi présent. Mais je suis bel et bien la. Ce qui va suivre je le connais et l'horreur me remonte dans la gorge me faisant vomir de haine et de dégout. 
Cri qui déchire le silence. 
Odeur métallique qui sature l air. 
Le sang. Mon sang. 
L'acier a fait son travail. De multiples coupures nettes s étalent sur ce corps que je vois. Sur mon corps. Aucun cri ne passe la barrière de mes lèvres. Sa main les empêche de vivre. Un seul geste. Son visage s approche sa main s enlève. Morsure jusqu'au sang dans son cou. Besoin de lui faire mal comme il le fait. Réponse toute aussi violente. Son poing explose sur ma mâchoire et ma pommette. La suite devient floue. Noire. Seul dernier souvenir l acier qui déchire une dernière fois ma peau. Plus profondément. Une dernière phrase. 
" tu es a moi brave petite fille..."

lundi 14 novembre 2011

Gestes...

Mes yeux s ouvrent mais le monde qui m'entoure reste toujours aussi sombre. Je ne distingue rien d'autre que ma respiration haletante. 
Je me rappelle vaguement que nos yeux sont censés s'habituer mais il n'en est rien. Ma notion du temps est faussée malgré tout j aurais du percevoir au moins des formes. Le sol sous mes pieds est rocailleux et je ne m aventurerais pas a l aveugle dans un monde aussi glissant. Crissement. Un son que je déteste. Flash de lumière qui m'aveugle. Sifflement. J esquive difficilement des griffes qui déchirent quand même mon t-shirt et marque ma peau d' une brulure désagréable. Grondement qui sort de mes lèvres. Je reconnaitrais cette marque n' importe où. 
Lui. 
Le premier a m'avoir parlé de griffes...
Rébellion?
Enfin. 
Un sourire sur les lèvres je laisse mes yeux s'habituer a la nouvelle luminosité. Nouvel affront et cette fois je disparais. 
Aucune possibilité de se cacher parmi les ombres. 
Obligation de rester visible. 
Marques légères qui déchirent la peau de son dos. A son tour de gronder. A nouveau face a face nos yeux s affrontent aussi sûrement que nos griffes qui tintent les unes contre les autres. Nouvelle pirouette effacement de mon corps et nouvelle marque dans son cou cette fois. Assez joueuse pour que ce soit une morsure ponctuée d' un léger baiser sur la joue. Mouvement rapide. Il se retourne et sa main attrape mon poignet. Frisson de haine et de dégout. 
Il ne peut pas savoir. 
Je ne peux pas lui en vouloir. 
Diamants qui roulent sur mes joues creusant des sillons humides. Il ne voit que mon dos et en profite pour m attirer a lui et poser ses griffes sur mon cou. 
Il a gagné... 
Perle salée qui s'écrase sur sa peau. 
Interrogation...
 Il desserre son étreinte et je m échappe. Un rêve reste maitrisable. La lumière laisse place a l ombre et je me fonds dans l espace qui m entoure. 
Simple oubli que les félins voient dans la nuit. Sa main se pose sur mon cou. Nouveau frisson de haine qui cette fois me prend au corps. La griffure est violente. 
Je me débats contre lui brisant une a une ses défenses. Je n entends pas ses couinements de douleur trop aveuglée par la mienne. Je ne sais pas quand il change mais il commence a répliquer et je n ai plus la force de me protéger.  Il le sait. Le sent. Et en profite pour m attirer dans son étreinte brulante. Ne pas pleurer. Ne pas laisser ces diamants sortir et pourtant je ne peux faire autrement lorsque ses griffes éraflent la peau de mon dos. Pas de douleur. Juste des larmes. Pas de mots. Plus de jeu. Juste une envie de pleurer. Réveil en larmes...

jeudi 10 novembre 2011

Entrave...

Tremblements dans mes mains. Mes doigts s agitent avec une rapidité qui me laisse muette. En manque.  Voilà ce que je suis. En manque de hauteur. De jeu avec le vent. De sourire a la lune. Du tutoiement des nuages. Du pont d' étoiles. Je ferme les yeux pour ressentir encore une fois ce que mon corps ne peut plus faire. Clouée au sol comme un vulgaire papillon que l on aurait épinglé avant de lui prendre ses ailes pour être sur qu'il ne s envolerait pas même agonisant. Un corps entrainé souvent, entravé depuis trop longtemps. Un répit. Impensable. Alors je suis la, assise sur le sol poussiéreux a regarde au dessus de moi une tour s élever vers les nuages et disparaitre encore au dessus. Je ne grimperais plus, ne volerais plus, ne jouerais plus avec les courants d' air qui me portaient avant jusqu'au sommet les plus improbables. Mon corps est lourd. Adossée au mur de cette tour répondant au doux nom d'Impossible je réprime la boule de haine et de tristesse qui se forme dans la gorge et ferme les yeux. Que suis je si même dans mes rêves je suis entravée. Mon corps se couvre de fourrure sombre et je disparais de la lumière. Dernière possibilité que l on m autorise. Me fondre dans les ombres jusqu'à ne devenir qu'une parmi les autres...

dimanche 6 novembre 2011

Ondine...

Douce mélodie qui résonne dans mes oreilles comme un appel.  Mes yeux s’ouvrent sur un monde que je ne crois pas connaître et qui pourtant ne me fais pas peur. Mon regard erre sur cet univers bleuté aux reflets multiples quand un éclair coloré traverse mon champ de vision. Un poisson. Merveilleux petit poisson arc en ciel. Une envie soudaine de le suivre sans trop savoir pourquoi. Soupir de déception en remarquant que mon corps est celui d’un humain, lourd dans le monde marin. Pas du tout taillé pour la vitesse et pourtant à bien y regarder un corps humain n’est pas non plus bleu et couvert de fines écailles. Je porte mes mains à mon visage et les découvre palmées. Le bas de mon corps n’est pas une queue de poisson mais bel et bien des jambes même si mes pieds son palmés eux aussi. Sourire. Peut-être que je pourrais rivaliser avec un poisson. Je me tourne en une vrille remarquant au passage  une mèche de mes cheveux. Blanche. Je ne m’en préoccupe pas plus que ça. Les poissons avant tout.
Nager est beaucoup plus facile et je m’amuse à tournoyer, ondulant entre les rochers, les algues caressant ma peau avec douceur. Nouvel éclat coloré.
Mon poisson.
Cette fois je le suis rapidement avant de le perdre à nouveau. Il est rapide mais ne me distance pas. Plusieurs fois il semble se retourner comme pour voir si je le suis avant d’accélérer. C’est un jeu je le sais. Le sens.
Nouveau sourire sur les lèvres.
Je le rattrape. Il m’emmène dans un monde aussi coloré que lui où débordent des trésors. Des coquillages immenses qui semblent aussi douillets que des cocons, des personnes comme moi qui nagent avec insouciance. Je hausse un sourcil face au spectacle avant de m’asseoir sur un promontoire rocheux et d’attendre le calme.
J’étudie avec minutie l’univers qui s’étale sous mes yeux et me dis que je pourrais y passer ma vie. Mon cœur bat doucement au rythme des ondulations qui se brisent sur les coquillages.
Un cliquetis étrange me fait lever la tête. Des pattes de crabes qui ripent contre les roches. Mélodie entrainante rejoint par le bruit métallique d’une amarre qui bouge avec les courants, le cri d’un dauphin, le soupir d’une baleine, le frottement du sable sur les cristaux et le claquement des algues. Une douce berceuse à mes oreilles. Je me pose dans un des coquillages et me love à l’intérieur. Le petit poisson se blottit contre moi et nous nous endormons bercés par la musique marine et le souffle frais des vagues des profondeurs. 

vendredi 4 novembre 2011

Le goût de la réalité...

Tout autour de toi n’est que silence comme si tu étais plongé dans un monde cotonneux. Soudain un son te parvient brisant la quiétude. Pas un son violent, non, à peine un léger sifflement joueur et tu prends au jeu en formulant ce qui te semble être une réponse sans même savoir ce que tu dis… Un jeu qui dure jusqu’à ce que le bruit s’arrête… Tes poumons  réclament de l’air et tu n’as même pas fait attention à ton souffle tant ta concentration était totale.  Une absence de bruit t’a toujours paru bizarre, presque dangereuse, là elle t’apaise et te calme. Comme une symphonie muette les étoiles au dessus de toi se mettent à scintiller et à se rapprocher de toi jusqu’à former un pont, un pont de rêves et de douceur qui t’emmènes au pays de Morphée. Un pays où tu retrouves chacun des sons que tu connais, chaque couleur qui avait disparu dans la nuit au profit du gris et alors tu comprends. Nous ne sommes pas seuls à dormir et c’est pour cela que parfois les rêves ont le goût de la réalité.

Dans la neige...

Allongé dans la neige ton corps refroidit, tu sens chaque flocon te recouvrir de sa sensation légère  et l’eau s’infiltre mouillant tes affaires, te laissant dans un cocon glacé. Tu ne bouges pas, tu ne le peux plus, seul ton cœur bat encore, te prouvant la vie qui circule en toi, dans ce corps de pantin désarticulé. Tes yeux se plissent face au reflet de la lumière solaire sur la neige. Ton regard se pose sur les montagnes environnantes jusqu’à ce qu’un sursaut de douleur te fasse fermer les yeux. La chaleur s’écoule de ton corps baignant l’étendue blanche d’un éclat carmin… Ta vie s’écoule petit prince mais tes ailes s’ouvrent… La nuit tombe et dans un dernier soupir tu jettes un regard à la lune. Bientôt tu seras à ses côtés, libre pour l’éternité…

mercredi 2 novembre 2011

Rencontre...

Ciel aussi noir que l'encre qui serpente sur ma peau. Pas comme des arabesques, non, plutôt comme une couverture dans une tentative de garder ma peau au chaud en cette nuit glaciale. 
Accroupie en haut d’une des plus hautes tours d’un jardin bétonné j’observe la paix nocturne. Aucun bruit ne vient trouver le repos qui m’envahit à cet instant. Rien ?
Si un chuintement feutré qui résonne pourtant comme un tintement de cloche dans le silence. Des griffes que je reconnaîtrais entre mille à cet instant.
Griffes de nuit qui s’opposent aux miennes dans un éclat d’argent. Pas envie de jouer ce soir. Je m’écarte et saute. Mes doigts crochètent une rambarde et hissent mon corps jusqu’à mon nouveau point d’observation. Le bruit mat de l’atterrissage derrière moi me fait soupirer. Il ne partira pas.
Lui ?
Asaen…
Nouveau bruit feutré. Il commence à chahuter comme le ferait un petit félin mais ma riposte est plus violente. Trois griffures s’ouvrent sur son torse. Avertissement que ce soir je ne veux pas jouer. Ses yeux se durcissent et lorsqu’il bondit il a perdu son côté enfantin. Sa position de force lui permet de mordre la fourrure de mon cou avant que je l’envoie valser à l’opposé. Grondement sourd de menaces. Son regard ne brille plus aussi fort et j’ai du le blesser un peu trop profondément pour qu’il s’en remette tout de suite. Je m’approche pour m’excuser et me retrouve happée dans une étreinte chaude et douce. La lune sourit et mes yeux se ferment. Finalement la nuit sera chaude.

jeudi 20 octobre 2011

Rencontre...

L'air entre dans mes poumons avec l'impression que c'est la première fois que je respire vraiment... La chaleur environnante brûlerait presque mes organes mais au lieu de cela elle me réchauffe. Le sol semble doux et pourtant dur à la fois. Mes yeux s’ouvrent lentement pour se refermer tout de suite aveuglés par le soleil. Mais la seconde est suffisante. Je suis dans un désert, allongée dans le sable. Mon corps n’est pas douloureux mais c’est comme si je ne pouvais pas le bouger. Il ne répond pas, je deviens spectatrice. Pic de douleur qui contredit ma précédente affirmation. Je retombe dans l’inconscience. Nouveau réveil, cette fois dans un jardin de béton, toujours cette chaleur mais le sol est plus dur et inconfortable. Je me redresse non sans une grimace face aux courbatures. Je bouge doucement et tente de retrouver ma souplesse. Ombre blanche. Je me retourne. Mes doigts ont disparus pour être remplacés par des griffes argentés. Il n’y a rien. Personne et pourtant c’est comme si j’étais sur un terrain qui ne m’appartiens pas. Mon cœur s’accélère légèrement et je décide de bouger pour ne pas rester en vue du prédateur qui semble roder. Saut en douceur dans une flaque d’ombre. Disparition.
Slalom infini entre les zones d’ombres qui m’accueillent et me protègent. Le corps couvert d’un fin tissu noir qui me fait disparaitre entièrement à la vue de tous. Seuls mes yeux luisent indiquant ma position. Ombre noire cette fois. Plus humaine et pourtant l’impression que c’est la même. Je ne bouge pas, fermant presque complètement les yeux, devenant une ombre parmi les autres. Frémissement dans l’air. Présence. Peau sombre, yeux de nuit, griffes noires, corps marqué de cicatrices et d’arabesques ébènes comme des signes tribaux. Il semble chercher quelqu’un, écoutant le vent  mais seul le silence lui répond. Je n’existe pas. Son regard balaye la zone d’ombre où je suis avant de se fixer. Sur moi. Instinct profond qu’il ne me voit pas mais me sent. Je ne le laisserais pas approcher. Mes griffes reprennent leur place en même temps que le bondissement félin qui me porte à sa rencontre. Esquive rapide. Beaucoup plus animal qu’humain. Qui est-il ? Un ami ? Un frère ? Je me méfie de ses griffes trop semblables aux miennes. Je connais les ravages qu’elles peuvent faire,  même sans le vouloir. Mon corps en porte les cicatrices et je ne suis pas sûre de vouloir retenter l’expérience. Il n’attaque pas ne semblant pas forcément tout à fait à l’aise avec ses armes, avec lui-même. Il se contente d’esquiver mes assauts avec plus ou moins de facilité mais sans jamais me lâcher des yeux. Comme s’il me transmettait un message.
Alors je m’arrête. Défi.  Il fait demi-tour et court. Sautant sur les toits. Il semble chez lui, connaissant par cœur l’endroit où il se trouve. Il ne m’échappera pas, il ne peut pas se présenter à moi et disparaitre par la suite. Mes pas se calquent sur les siens. Accélération. Infime et pourtant notoire. Je le rattrape et le dépasse avant de ralentir. Il s’arrête avant de recommencer en s’assurant que je le suive. Escalade d’un bâtiment. Celui qui semble le plus haut. Le vent nous accueille. Glacial sur nos peaux en sueur. Ses yeux nuit plongent dans les miens, rencontre l’argent et à nous deux nous recréons l’atmosphère nocturne. Sa main s’approche toujours pourvue de ses griffes noires comme s’il ne savait plus comment les enlever. Il hésite à s’approcher et finalement retiens son geste. Mue par un instinct qui me dépasse j’avance mon visage et le dépose contre sa peau brûlante. Fraction de seconde. Frisson. Froid à  nouveau.
-          Quel est le nom de celui qui me défie pour mieux m’apprivoiser ?
Son regard semble surpris. Comme si plus personne ne lui demandait son nom ni même cherchais à le connaître. Sa voix n’est qu’un souffle quand il me répond.
« Asaen » 

mardi 18 octobre 2011

Perte...

Réveil douloureux. Griffes tranchant ma peau. Caresse de l’acier déchirant le fin voile de ma chair. Douleur. Volonté de bouger pour échapper au massacre mais impossibilité. Clouée au sol comme un papillon brûlé par la lumière. Je ne peux que laisser un cri passer la barrière de mes lèvres. Aucun son. Plus aucune possibilité. Mon corps ne répond plus à mes sollicitations. Le sang s’échappe, coule comme un fleuve chaud. Modification de mon corps. Fourrure. Ecaille. Rien ne change. Le sang continu de couler et ma vie avec. Ronronnement presque désagréable qui bourdonne dans mes oreilles et couvre le gargouillis indescriptible. Les griffes cessent de fouir dans mon corps. Je me rends compte alors que ce que je prenais pour un ronronnement était en fait un grognement félin. Une bataille s’est engagée mais mes yeux se voilent et mes oreilles assourdissent le moindre bruit. Perte de conscience. Environnement percé du bruit strident comme ceux d’un animal blessé. Mais peut-être est-ce moi qui fais ce bruit…
Nouvel prise de conscience dans un  décor forestier. Sublimes dégradés de vert sous les rayons dorés. Mon ami est à côté de moi léchant ses plaies et à ses côtés Elle est là. Ma guide. Elle lèche ses griffes effaçant les traces du sang bleu de mon ami. Je ne comprends pas. Elle ne semble pas vouloir le laisser approcher tournant autour de moi avec dans le regard un avertissement. Mon corps est ceint de feuilles rougies par le sang. Mon sang. Interrogation silencieuse. Réponse en image. Force d’un flot de souvenirs balayant les remparts de mon esprit comme un ouragan le ferait d’un arbre millénaire. Cauchemars. Pas les miens. Position de défense puis attaque. Ses griffes aciers qui fendent l’air dans l’espoir de déchirer ses ennemis. Sensation de victoire quand il sent enfin  la chaleur poisseuse du sang sous ses griffes. Mon sang…
Et elle qui bondit. Apparaissant de nulle part. L’éveillant avec brutalité de son rêve de gloire. De ses cauchemars d’attaque. Larme sur ma peau. Unique. Pure. Guérison lente et douloureuse. Incertaine. Son sang se mélange au mien, seule solution probable pour rester en vie. Comme si j’absorbais sa force. Et elle qui regarde. Désapprobation dans ses yeux. On n’est pas ami avec un dragon. C’est tout sauf sécuritaire malgré les apparences. Alors son geste dans la caverne me revient en mémoire. S’éclaire d’une lumière de vérité. C’est ma vie qu’elle tentait de sauver et malgré mon refus naïf elle est là aujourd’hui. Je ne peux que passer mes doigts dans sa douce fourrure. Nouveau murmure pour elle.
« Merci… »
Rien besoin d’ajouter d’autres, tout est dans ce mot…
Mon ami s’envole loin…
Douleur psychique cette fois. Perte…

lundi 17 octobre 2011

Solution...

Plus le même endroit mais la même terre, je le sens. Douce et moelleuse sous mes pieds nus. Malgré le soleil haut dans ciel frappant durement le sol je suis à l’ombre. De qui ? De quoi ?
Une tour immense percée de fenêtres indénombrables de formes et couleurs différentes.
Une joie pour les yeux.
Un fourmillement  pour mon corps.
Grimper voilà ce que me crie mon âme. Mon corps se tend, mes muscles s’emplissent de l’énergie accumulée. Il va en falloir pour arriver là haut je le sais.
Sourire en remarquant ma peau. L’ascension se fera en humaine ou ne se fera pas…
Course rapide. Mes pieds effleurent à peine la terre laissant simplement derrière moi un sillon de poussière en suspension dans l’air créant des arabesques de feu.
Saut improbable. A la limite des possibles. Un peu plus animale que simple humaine. Je ne peux rien faire contre cela ce serait renier la partie profonde en moi. Mes doigts crochètent les prises et hissent mon corps. Début d’une course contre la gravité et je compte bien être en haut avant qu’elle ne me rattrape. Le vent siffle doucement à mes oreilles ne semblant pas vouloir me déséquilibrer mais je reste méfiante. Plus aucune prise au dessus de moi-même infime.
 Plus qu’une solution.
Je relâche la tension et laisse mon corps être attiré par le vide. Décompte des secondes pour ne pas laisser la gravité gagner si facilement. Quinze. Deux petites secondes de plus et mon corps se tend comme un arc. Douce courbe. Peau contre le métal froid de la rambarde. Impression d’être déchirée par la force de l’attraction.
Mouvement de balancier et je suis sur le rebord d’une fenêtre. Je fais rouler mes épaules dans une grimace avant de jeter un œil en bas. Le sol est déjà loin mais les nuages ne semblent pas vouloir se rapprocher. Je saute dans la pièce qui me tend les bras.
Circulaire.
Vide.
Ou presque…
Un immense dessin de dragon recouvre le mur. On dirait mon ami. C’est comme si j’étais face à une explication. Comme s’il fallait que je le vois.
Prise de conscience.
Sourire.
J’ai maintenant un but de plus pour atteindre le sommet. Et celui là me tirera vers le haut mieux que n’importe quel autre. La prochaine fenêtre se trouve au dessus de moi proche du plafond. Nouvelle course. Appuis sur le mur. Rebond. Crochetage in extremis de l’arête d’une poutre en bois. Je me hisse avec un rire. Liberté chante dans mes veines.  Le reste du chemin jusqu’à l’ouverture n’est que sauts et pirouettes.
Enfin je sors sur un autre versant de la tour majestueuse et une voie s’ouvre devant moi. Les prises s’enchainent à nouveau. Mes bras commencent à trembler et je sais que si je veux gagner cette course il me faudra me reposer. La mer de nuages n’est plus très loin maintenant. L’étape se fera à ce moment, je la dépasserai avant de laisser mes muscles se détendre. La tour s’enflamme sous les rayons vespéraux et mon âme danse avec les rayons ignés. Le spectacle me tire une seconde d’inattention.
Fatale à cette hauteur.
Mon pied ripe sur une des pierres rendues glissantes par la mousse et mon corps tombe. Chute lente mais brutale. Dernier sursaut d’orgueil. Un bras tendu dans l’espoir de raccrocher une prise. Quatre griffes naissent d’une brèche entre le rêve et la réalité et plongent dans un interstice mural retenant mon corps. Je me rétablis et elles disparaissent. Reprenant leur place dans les possibles du rêve. Mon cœur bat trop vite pour que je puisse le calmer et faire taire les tremblements qui ont saisit toutes les fibres de mon corps. Il me faut un endroit pour respirer sans manquer une chute mortelle.
J’avise à droite une fenêtre. Je limite mes déplacements au chemin le plus court. Pas question de profiter. Enfin assise depuis quelques minutes je remarque un geste machinal. Massage de ma main droite. Je ne comprends pas ce qui s’est passé. Les écailles, la fourrure et maintenant les griffes. Qu’est ce que je suis ?
Enfin je me calme et la seule façon d’oublier les questions est de me jeter à corps perdu dans la pente vertigineuse. La tour devient glissante et parfois il me faut jouer avec un courant d’air pour me rétablir. Mon corps commence à comprendre l’enchainement et je grimpe de plus en plus vite.
Mains.
Pieds.
Pierres.
Air.
Ascension.
Enfin je perce la mer de nuages. Plus aucune prise. Nouvelle entrée. Je m’y engouffre avec la force de la fatigue. Oscillation incertaine sur une corde tendue au dessus du vide. Je sais que mes jambes vont lâcher d’ici peu mais elles attendront l’autre côté. Je l’espère…
Un rayon de lune éclaire la pièce et vient caresser mon visage. Impression de devenir une autre. Entière…
Le balcon accueille mon corps endoloris et je soupire. La douleur est bonne. C’est celle qui fait vibrer le corps et se sentir vivant. Assise sur la rambarde, les pieds dans le vide je me calme, nourrissant mon cœur de ces rayons argent. Je ne sais combien de temps j’attends mais quand je repars Ma Dame est haute dans le ciel éclairant le chemin. Le sommet se profile. Plus vraiment loin mais bien assez pour que la route soit encore létale.
Un nouveau sourire étire mes lèvres craquelées par le froid. Envie de jouer avec les nuages. Avec la vie. Avec le hasard. Debout, en équilibre j’étire mes muscles souffrants. Geste absurde. Improbable. Réalisé avec la facilité de ceux qui l’ont dans le sang.
Mon corps se ramasse sur lui-même.
Bondissement félin.
Fourrure le temps d’un rêve.
Reprise de l’ascension. Plus aucune fenêtre. Je tourne autour de la tour cherchant parfois longtemps ma voie sous l’œil bienveillant des étoiles. Mélodie porteuse d’espoir. De rêves.
Combien de temps pour atteindre le sommet ?
Je ne saurais le dire. Le temps d’une danse avec la nuit. D’un sourire à la liberté.
Dernier mètre.
Force de la fin dans mes veines. Pied posé sur le toit du monde. Derniers étirements teintés d’un soupir de joie et de douleur avant de repenser au dessin.
Les yeux clos j’imagine. Être légendaire volant dans les cieux, détails infime de sa carapace écailleuse que je connais par cœur. Le moindre reflet d’argent qui pourrait y briller sous le ciel nocturne.
Rugissement de bonheur.
Grondement d’orage.
Courant d’air qui manque de me faire tomber. Rattrapage au dernier moment. Assise à nouveau les pieds dans le vide j’ouvre les yeux et regarde avec délice le spectacle qui se déroule devant moi. Un ami plongeant sous les nuages et remontant, auréolé de leur douceur. Il se pose à mes côtés et son regard brille d’une nouvelle vie. Longue flamme comme une langue de feu qui jaillit dans la nuit illuminant pour quelques secondes la voie des possibles infinis. Je m’abandonne dans la douce chaleur de son étreinte en repensant à la phrase gravée loin en bas sur un mur.
« Parfois il suffit juste d’y croire et d’en rêver… »

dimanche 16 octobre 2011

Espoir...

Souffle chaud qui balaye ma nuque. Ronronnement félin qui résonne sous les voûtes. Je suis revenue dans la grotte. Toujours ces mêmes piliers bleus qui scintillent sous la lumière d’une nouvelle flamme bleutée. Le corps contre lequel je suis appuyé gronde et me fait trembler. Pas de peur non, je pense qu’il essaye de me protéger. Mais de qui ? De quoi ? Quelqu’un d’autre aurait pu arriver jusqu’ici ?
Son aile se replie et je retrouve une mobilité légèrement engourdie. Pas le temps de finir de me rétablir que déjà je suis à terre. Immobilisé par un félin plus grand que moi au pelage noir parsemés de reflets aux couleurs fauves et ciel. Il aurait pu être magnifique si sa gueule n’était pas déformée par la colère. Ses griffes raclent sur mes écailles dans un crissement qui vrille mes tympans. Je ne comprends pas pourquoi il est là, essayant de déchirer ma chair de ses crocs. Et puis je croise ses yeux. Deux billes d’acier sombre éclairées par la peur. Il ne sait pas qui je suis ne me connait pas et pourtant je suis là, sur son terrain de jeux, de chasse. Sur son terrain de rêve. Je tente de me détendre sous son poids et penche ma tête en arrière lui offrant ma gorge en signe de soumission. Je ne sais pas ce qui le décide, le grondement de tonnerre de mon ami qui fait vibrer le sol ou mon action mais il me rend ma liberté. Assise je le regarde tourner en rond attendant qu’il se décide. Son corps est taillé pour la souplesse et la rapidité mais semble avoir la solidité d’un roc. Un prédateur parfait. La mort incarnée.
Son regard de lune se plonge à nouveau dans le mien. Son reflet. Filles de lune. Mon corps est maintenant couvert de poils, une version miniature du félin qui se dresse face à moi. Je ne comprends pas comment je peux prendre des formes différentes mais pour le moment je m’en moque. Un éclair traverse mon esprit. Si elle est arrivée ici, parce que j’ai l’impression de me retrouver devant une femelle, c’est qu’elle est venue de quelque part et donc qu’elle connait la sortie.
Nouvelle approche. Méfiante. Ronronnement sourd. Une patte écailleuse semble vouloir me retenir mais je la repousse. Elle ne me fera rien.
Mouvement d’une patte aux griffes tranchantes qui rase mes flancs. Avertissement. Ignoré. Elle semble comprendre la demande dans le ronronnement qui passe mes lèvres. Sa tête se penche sur un côté et son regard devient défi.
« Tu as ma forme mais suis moi si tu peux… »

Elle bondit, plus rapide qu’un clignement d’œil. Elle a disparu. Plus qu’à suivre le ronronnement que je perçois. D’où vient-il ?
Il résonne partout autour de moi. Rugissement de ma part. Abandon face à sa force. Elle daigne alors se montrer. Un air  amusé au fond de ses prunelles. Grognement. Je n’aime pas perdre !
Je la suis, grimpant sur les roches, bondissant parfois à l’extrême limite de mes capacités quand elle semble voler. Un sourire fend mon propre visage.
Voler.
Ecailles sur ma peau. Fines membranes. Je vole et la suit sans difficulté. A elle de gronder. Le chemin ne sera jamais assez large pour mon ami. Je refuse de l’abandonner mais on ne réduit pas la taille d’un dragon. Ma guide revient vers moi. Son odeur est un mélange comme si elle connaissait un autre. Sauvage et pourtant… Pas le temps de m’appesantir sur la question. Je me pose à ses côtés. Pose ma main sur sa douce fourrure cachant un corps musculeux et ma voix n’est que murmure.
« Va. Ta place n’est pas ici. Il ne passera pas et je ne l’abandonne pas. »
Ronronnement. Séparation des chemins. Mon corps retourne se blottir contre les écailles de mon ami. Une larme coule sur ma joue et roule jusqu’au lac.
Compréhension.
Etendue pure de la tristesse d’un être légendaire.
Mes yeux se referment. Le prochain réveil sera peut être une solution.

vendredi 14 octobre 2011

Découverte...

Je ne sais pas si mes yeux sont ouverts ou fermés, je ne perçois  rien de ce qui m’entoure. Peur de l’inconnu. Sensation d’angoisse qui étreint mon cœur jusqu’à l’étouffement.
 Un souffle d’air brûlant agite mes cheveux. Odeur de souffre. Particules cendrées qui noircissent mon visage. Impression que ma peau s’est transformée. Parfaitement lisse et pourtant parcouru de dessins que je ne comprends pas sans les voir. Je suis froide, presque gelée, alors inconsciemment je cherche la source de chaleur que j’ai cru percevoir. Mes mains râpent sur les murs dans un bruit métallique qui me fait grincer des dents. Silence assourdissant. A nouveau un son, mais  cette fois plus chantant comme un écho au mien, un chemin à suivre. Souffle brûlant. Encore. Mélodie guerrière de l’acier qui chante. Voie.
Respiration plus puissante que les autres.
Flammèche bleutée qui nait.

Mes yeux s’habituent à la douce lumière et je me rends compte qu’avec un pas de plus je plongeais dans l’eau translucide d’un lac immense. Aucune autre rive en vue, juste de l’eau à perte de vue. Mon cœur se soulève face au spectacle. Je fais le tour d’un seul regard et découvre le chatoiement bleuté d’une colonne de pierre en plein centre du lac. Eclairée par la flammèche elle disperse la lumière et fait briller l’endroit de vagues céruléennes. Comme un ciel qui ondulerait sous la chaleur. Une caverne  faite avec ce qui ressemble à du quartz bleu mais beaucoup plus profond. Aucune autre couleur que ce dégradé passant du cobalt au saphir dans un mouvement serpentin qui entraine l’âme. Une grotte, voilà où je suis, mais je ne perçois ni entrée ni sortie. Comment je suis arrivée ici alors ? Aucun souvenir…
 Pas le temps de détailler plus.
Nouvelle respiration.
 Souffle.
Chaleur.
Mon corps se tend et je me retourne lentement pour ne pas brusquer ce qui se trouve derrière moi. Nez à nez avec moi se dévoile  un museau recouvert d’écaille. Je le contourne avec douceur pour prendre la mesure de l’animal à qui il appartient. Il ne bouge pas, continuant simplement de respirer. Alors après quelques mètres je suis face à une montagne écailleuse qui ondule sous sa propre vie.
Un œil s’ouvre.
Immense.
Entièrement doré. 
Bienveillant.
Mue par un instinct que je ne comprends pas j’approche la main et caresse la carapace azuréenne. Une légère coupure s’ouvre sur ma paume. Les écailles sont aussi tranchantes que le fil d’une épée. Le sang coule mais je n’y fais pas attention préférant continuer d’observer l’animal sur lequel j’ai mis un nom maintenant.
Dragon.
Un bruit assourdissant résonne sous les hautes voûtes et me fait lever les yeux. Le plafond sculpté que je découvre me fait réviser mon jugement. On est dans un endroit que quelqu’un a construit. Mais construit trop petit pour un être si grand. Je me tourne à nouveau vers l’être légendaire et dans son œil triste levé vers le ciel je comprends.
On est dans une prison. Magnifique, certes, mais une prison quand même. Nouveau grondement de tonnerre. Nouvelle compréhension. Il bouge. Basculé sur le côté son corps repose maintenant sur une aile translucide et semblant douce. Ses grands yeux me dévisagent dans une invitation muette et mon corps répond à sa supplique. Doucement je m’approche, évitant le cuir de ses ailes et me blottis contre la douce chaleur. Sa queue immense s’enroule contre moi et sa deuxième aile vient me couvrir. Qu’un être aussi sauvage me laisse approcher me parait tellement improbable mais la solitude est une torture parfois plus dure que n’importe quelle douleur.
Avant que la lumière ne s’éteigne je jette un dernier coup d’œil à mon corps.
Couvert d’écailles noires.
La couleur de mes yeux je la devine dans le reflet de ceux de mon compagnon.
Argent.
Nous sommes opposés.
Jour et nuit. Enfermés dans la même prison.
La façon dont nous en sortirons ?
Je ne le sais pas encore mais ça sera pour bientôt…

mardi 11 octobre 2011

Mon nom est...

Aucun soleil. Aucune Lune. Juste la noirceur auréolée de carmin d'un monde sanglant. Louve aux griffes d'acier s'enfonçant dans la terre nourrit du sang de ses ennemis. Yeux d'un blanc nacré se posant sur un monde dévasté. Cruel carnage de corps déchiquetés dans une violence inouïe. Elle est là. Je suis là, au centre, semblant ne pas faire partie de ce monde et pourtant notre pelage opalin est souillé par le sang. Pas le mien, non, trop cuirassé pour couler. Trop précieux. 
Le sang de nos ennemis. Le sang qui se vide de ces corps décharnés, agonisant encore,  parfois dans un râle plus proche du gargouillis étouffé par le liquide vital qui s'échappe. 
Mon corps. Je le détaille une nouvelle fois tournant la tête vers mon flanc droit. Le contour est flou, semblant ondoyer comme un rêve de fumée. Ma Carapace disparaît, redevient invisible. Personnelle.
Un bruit et je me tends. Prête à bondir une nouvelle fois à la gorge de ceux qui le détienne. Mais détienne qui? Détienne quoi? 
Hurlement de douleur profonde au ciel qui ne donne aucune réponse, à la terre qui n'apporte que le malheur sur ses sentiers battus, à la pluie qui commence à tomber effaçant la moindre trace. 
Les muscles se tendent sous ma chair, devenant si dur que je ne pensais pas cela possible et lorsqu'un éclair zèbre le ciel, comme un signal je relâche la tension. Détente formidable d'un corps qui bondit. Impression de voler au dessus du sol. Que mes pattes ne touchent plus la boue. Un deuxième éclair est né et cette fois il traverse la Terre à sa recherche. Course puissante. Rapide. Tâches colorées devenant de plus en plus sombres qui défilent sur les côtés mais je ne vois que le chemin devant moi, je ne sens que mon corps qui remonte le torrent d'argile qu'est devenue la terre autrefois si abrupte sous ma course. 
Cliquetis du métal contre ma Carapace. Encore une fois elle me sauve la vie... Encore une fois elle est là. Plus le temps de réfléchir. Grondement sourd qui résonne dans mon corps. Nouvelle bataille...
Contre soi-même pour tenir encore et encore... 
Contre les autres à coup de griffes et de crocs déchirant les chairs molles, lacérant les visages, tailladant les armures, brisant les os comme des brindilles sèches.
Pulsion destructrice teintée de désespoir. Odeur métallique du sang  qui sature l'air me donnant simplement l'envie de vomir devant ma propre oeuvre de mort.
Continuer. Sans relâche. Pour la vie. Pour Sa vie. 
Mais qui est-il celui que tu cherches?
Où est-il?
Existe-t-il encore en ce monde ou te bats-tu pour le retrouver ailleurs?
Ne te débats plus fille de Lune, ta carapace te protèges, il te protégera des autres, de lui-même mais surtout de toi. 
Continue de détruire ces démons qui te tourmente mais ne cours plus après lui jamais tu ne le rattraperas...
Jeune louve allongée dans une mare de sang hurle à la lune son nom... 
Mon nom est Douleur...

dimanche 9 octobre 2011

Enfant de la Lune...

Une enfant aux yeux acier... Froids comme la caresse d'une lame qui découpa sa chair pour la laisser baignant dans ses déchirures physiques et psychiques. Une enfant de la lune qui a grandit à la vitesse d'une comète balayant un ciel d'été perdant tout comme elle une partie de sa famille... 
Sélène, enfant de la lune aux mystères scellés dans une Carapace d'acier et pourtant qui sait ce que l'on découvrira au détour d'un rayon d'argent frôlant son visage...

Ecrire...

Ecrire...
Une envie qui me prends au corps, au coeur, qui m'enserre la poitrine jusqu'à ce que je l'assouvisse, que des larmes d'encre s'échappent de mes doigts... 
Ecrire comme un hurlement silencieux, comme un cri déchirant la nuit de mes pensées. Un besoin impérieux d'évacuer.
Ecrire aussi pour garder une trace des tâches colorées qui parfois jaillissent dans ma vie...
Ecrire... Rêver... Sourire... Vivre

vendredi 7 octobre 2011

Résumé...

Comme si au final ma vie ne se résumait qu'à cette image que je contemple depuis quelques heures maintenant... Comme si elle avait été faite pour  moi... Égoïsme... Impossible... Et pourtant...

lundi 3 octobre 2011

Magie de l'Art...

Les yeux grands ouverts tu observes les milliers de voies qui s’ouvrent devant toi… Couleurs. Sons. Images... Formes. Autant de possibilités que de voies, autant de carrefours que d’envies et tu es là, regardant les mots glisser devant tes yeux et tu glisses avec eux. Tes pieds effleurant une voie, note caressante à ton oreille… Symphonie qui se compose au rythme de tes pas, de la balance de ton âme et des pulsations de ton cœur… Ton esprit se tend, capture un rêve, le relâche, joue avec, tournoie, effleure et le remercie pour la réponse apportée… Tu le suis des yeux puis de ton corps et t’envoles à sa suite pour poser le pied sur une nouvelle voie, sur la suite, la prochaine note d’une mélodie en construction… Mélodie de mots que ton cœur vit, ton âme construit et tes pensées rêvent… Ecrire… Rêver… Synonymes… Compléments… Besoin… 
Magie de l’art qui étincèle au bout de tes doigts. Création d’un monde qui te ressemble. Mélodie des clochettes dans le vent. Souvenirs d’une lutine qui les portait au pied, les faisant chanter lorsqu’elle dansait. Alors tes doigts étincèlent encore plus d’une aura d’un blanc pur et d’un bloc de métal tu tires une petite danseuse en argent aux airs de fée-lune qui danse et tournoie sur la pointe de son pied mais aucune danseuse ne danse sans musique et quelle autre musique que celle de la nuit, du crépitement des étoiles, du scintillement des gouttelettes de rosée qui se forment, du bruissement des feuilles dans les soupirs d’Eole… Une musique de la nuit, de rêve, une musique étincelante comme le reflet de la lune dans le miroir poli qu’est un lac ou un étang… La musique sort de tes lèvres, c’est tout ton corps qui étincèle créant à partir des fils de ton âme une musique pour les rêves. Chaque fils s’enroule autour de la  petite danseuse et la font briller encore plus fort en s’intégrant à elle. Alors tu l’effleures et elle se met à danser sous tes doigts… Danser… Tournoyer… Danser encore. Libérant les rêves que tu as mis en elle pour te les offrir pendant la nuit…

dimanche 2 octobre 2011

Inspiration...

Une respiration. Entière. Complète. Bienfaitrice sur tes poumons. Le froid qui entre en toi avec l’impression de nettoyer toute la saleté accumulée au fil des jours dans la ville… Une nouvelle inspiration et tu t’élances. Glissant avec une liberté sans pareille sur la glace, les bras ouverts en grand, captant le vent tu tournoies sur tes patins. Un sursaut d’orgueil, une envie de vitesse et tu te mets à un bout du lac pour t’élancer le plus vite possible à l’autre bout, allant plus vite que toi-même. La seule personne valable à battre reste soi-même… A bout de souffle tu t’effondres dans la poudreuse et comme lorsque tu étais enfant tu regardes les flocons tomber sur toi, aucune forme identique mais toujours la même douceur glacée qui te fait sourire lorsqu’elle effleure ta joue ou ton nez et rire quand elle se glisse dans l’ouverture de ton col et se faufile jusqu’à la peau de ton cou. Tu te sens juste bien, la neige fondant petit à petit sous toi… Tes yeux se ferment et quand tu les rouvres, une fleur se pose sur la surface de l’eau créant des circonvolutions éternelles. Du bout de ton pied tu en crées des nouvelles qui viennent se fondre à celles déjà présentes et enfin tu plonges, découvrant un monde sublimé par les rayons d’or et les reflets qu’ils créent sur les plantes et les poissons colorés. L’impression que ton destin et ta vie sont liés à ceux de ces êtres de l’eau. Tu louvoies entre les algues et les caressent du bout des doigts sentant la vie passer comme un courant… Tu remontes et une liane de feuilles vertes s’emmêle dans tes cheveux, un bonjour du saule pleureur qui joue avec l’onde dans laquelle tu te baignes, le soleil est haut et fort et tu préfères rester dans l’eau à nager pour sentir tes poumons crier d’arrêter l’effort tout comme tes bras qui se tétanisent. Alors, allongé sur le dos, tu regardes les nuages passer, t’amusant à leurs trouver des formes réalistes ou complètement imaginées. Tu es bien allongé sur l’herbe  mais il fait trop chaud, tu t’avances sur le petit ponton de bois qui craque légèrement sous ton poids et plonge pour sentir un courant glacé qui te fait un bien fou. Quand tu ressors la tête de l’eau une feuille dorée se pose à tes côtés et tu lèves les yeux, les arbres sont parés de leurs plus belles couleurs bronze, rubis et or. L’eau est plus froide et tu décides alors de retourner sur ta serviette pour t’allonger et profiter des derniers rayons tièdes du soleil automnal. Tu restes à regarder le soleil se coucher et la combinaison de ses rayons qui illuminent  les arbres rougeoyant. Enfin la lune se lève avec son tapis céleste piqué d’argent et tes yeux se ferment. Un chuchotement t’emporte, celui de Morphée qui t’accueille dans ses bras…

vendredi 30 septembre 2011

Carapace

Ce que mot exprime? Bien des choses... Choses: mot abject qui ne veut rien dire... 
Ce mot exprime la douleur, le sang, les larmes qui ont coulés pour la former. De l'acier liquide qui a cicatrisé les plaies dans une vive douleur, les brûlant jusqu'à ce que plus aucune peine n'en suinte... Ma Carapace: une entité aux couleurs indéfinissables, nuancées de noir, de gris et de rouge carmin... 
Ce qu'il y a derrière? Douleur, Désert aride, Monstre, Haine, Destruction, Mort....

jeudi 29 septembre 2011

Souvenirs...

Tendres corps enlacés dans une étreinte contrastée... Courbes féminines aux allures rigides, glaciales caresses de ses doigts qui font frissonner son compagnon. Ses cils blancs, comme autant de flèches gelées, captent la lumière pour la renvoyer dans un kaléidoscope de couleurs agressives. Monde qui se crée aussi irisé qu'une bulle de savon, aussi éphémère...
Les soupirs d'Eole font onduler sa chevelure comme des volutes sensuels et le monde autour semble se figer dans la caresse opaline de sa crinière. Comme une auréole ils font resplendir son visage chocolat au lait...
Corps masculin aux allures sauvages et noueuses qui retient dans son étreinte brûlante le corps froid de sa compagne... Courte crinière sombre, peau ébène scintillant sous le givre naissant. Regard profond comme une nuit sans lune plongé dans l'acier liquide et inexpressif de sa compagne tentant de retenir sa fuite...
Etreinte interdite par les Dieux, reniée par les Hommes, irrévocable pour Eux...
Comme une paire inséparable.... Le Jour et la Nuit.... Souffle brûlant dans une mélodie de vapeur froide.... 

Instant suspendu du choix...

Réveil...


mercredi 28 septembre 2011

Essai...

Ecrire... Rire... Survivre... Oublier la douleur... Serrer les dents et sourire... Vivre... Rêver... Caresser du doigt la douceur quand le mal disparaît au moins pour un temps... Le temps d'un soupir, le temps qu'on respire, le temps de repartir... Boucle, cercle... Vicieux... Heureux... Peureux. Cercle de vie, cercle d'ennui... Habitude, Routine, Besoin...Pierre qui s'ouvre dominant le cours du temps, vertige...Respiration, vie qui s'infiltre loin dans les veines, muscles jouant les uns avec les autres en harmonie.. Envie... Nécessité...

Joie...

Evasion ...

Sélène, ronde et pleine, brûlante du feu de l’éternel astre du jour resplendit dans toute sa grâce, nimbant la terre d’une aura bleutée, transformant l’eau en acier liquide reflétant comme un miroir le désespoir de nos larmes. Une goutte tombe, léger clapotis comme une note qui résonne, longtemps. Circonvolutions éternelles de l’onde qui disparait et l’étendue redevient calme. Un pied puis le second effleurent le sable encore chaud  avant de disparaitre dans la demeure de Poséidon. Le poids des bouteilles t’entraine vers le fond sans que la peur ne serre ton cœur. Les flots paisibles se referment sur toi mais tu continue d’avancer. Confiant en la douce mélodie qui te parvient des profondeurs. Tous les autres bruits sont effacés, tes oreilles sont sourdes à tout autre son que cette litanie entrainante, entêtante. Des poissons commencent à nager autour de toi s’habituant à ta présence, un instinct, plus fort que la vie, leur soufflant que tu n’es pas dangereux, que tu es comme eux. Jaunes, bleus, les couleurs de l’arc en ciel t’entourent et te portent. Puis un reflet. D’abord comme un mirage, une illusion, un rêve. Progressivement plus réel et puissant. Deux doigts palmés frôlent ta combinaison et tout disparait. Tu te retrouve entouré d’une fine brume doré, seule vestige de tes vêtements d’autrefois. Aucune panique juste la délicieuse sensation de flotter et de respirer. Comme si tu réapprenais, comme si c’était la première fois depuis longtemps qu’un souffle d’air pur prenait place dans tes poumons.  Un sourire, un regard. Sirène… Fille de l’eau…Sœur des ondoyantes… Mère de toute vie… Amie de tes voyages aquatiques… Un voyage loin au plus profond des secrets maritimes au travers des navires échoués, des trésors oubliés et des cités perdues… Un voyage, l’oubli même de ce que tu es pour devenir simplement une onde parmi les autres. Les doigts se serrent à nouveau sur ton corps, sur ta nuque, cajolent une dernière fois les lignes de ton visage et disparaissent. Tes yeux papillonnent, s’ouvrent et découvre le ciel étoilé au dessus de toi. Referme-les 

Qui es-tu...

 Qui suis-je à part une entité perdue au milieu d’un monde que la lumière et la nuit se partage…une petite poupée en porcelaine avec quelques fissures jamais réparés enveloppée dans une carapace d’acier fissurée par endroit mais toujours présente. Une poupée dont les larmes refoulées menacent de la noyer, un être sans réponse à ses questions préférant la pluie au soleil avec l’impression que ca le lave, vivant dans la musique, dansant ses peines et écrivant ses rêves teintés de douleur. Le sourire existe, présent parfois comme un rayon de soleil après la tempête.

Lui...

Loup noir  aux crocs d'argent qui se referment dans une morsure poignante sur mon corps déjà meurtri. Grondement sourd. Aucun mouvement, aucun changement d'état. Immobilité de celui pour qui le temps n'est rien d'autre qu'un malheureux grain de sable qui s'écoule alors qu'un désert attend son tour. Grondement sourd. Vibration calme. S'enfuir...Idée rejetée avant même que mon esprit ne la forme. Le sang s'écoule hors de mon corps comme un fleuve brûlant, souillant les derniers éclats blanc de ma fourrure. Ultime regard vers le ciel, la lune sourit... Dernière sensation... Râpeuse, comme une langue, apaisante comme un murmure...

Enfant de la Lune ton sang nourrit la Terre qui t'a créée mais les crocs d'argent ne détruisent pas, ils pansent tes plaies et te garde éveillée à la réalité... 

Il veille depuis le ciel... Elle l'attend depuis la Terre...